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Photo du rédacteurCaroline Côté

Comment se préparer à un défi d’endurance d’envergure?


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« Je ne suis pas prêt, j’aurais pu facilement m’entraîner plus, je n’arriverai jamais au bout, je suis décidé à accepter la défaite...»

Il est tellement souvent plus simple d’arrêter que d’aller jusqu’au bout d’un grand défi qu’on se lance. À quoi est lié le désir de vaincre de l’être humain lors d’une situation éprouvante ? Quelle est la raison intime, profondément enfouie en lui, qui lui permet d’affronter ses limites et le pousse à aller plus loin ? Quelles sont les limites qu’on s’impose à soi-même et pour quelles raisons en est-on dépendant?

Dans le passé, en tant que cinéaste et aventurière, j’ai repoussé mes limites à quelques reprises. Se dépasser nous pousse à explorer des zones intérieures inconnues, des territoires hostiles autant sur la route que dans notre esprit. Traverser des rivières et des torrents me sert habituellement à gagner de la force. Je m’accroche solidement et je fonce, toujours plus forte que la veille, grâce aux épreuves surmontées jusque-là. J’ai eu froid et très faim quelques fois. Je me suis déshydratée, je me suis mise à l’épreuve.

J’ai récolté au fil du temps quelques trucs afin de me préparer mentalement à surmonter de grandes épreuves physiques. Voici quelques exemples qui me sont utiles au quotidien. Je me base souvent sur ceux-ci afin de reprendre le contrôle sur moi dans les moments les plus difficiles.



Dire oui à l’inconnu En ayant très peu de connaissances en matière d’aventures avant de partir au pôle Sud pour ma première expédition Xp Antarctik, je sentais que la nouveauté et les principes d’encordement, de sécurité et de contrôle de la gestion de ma chaleur corporelle dans un endroit aux conditions si extrêmes pouvaient facilement m’emmener à abandonner le projet avant de m’y être vraiment consacrée.

Au fil du temps, quelques réussites et échecs ont marqué la route de cet énorme défi que je m’étais lancé. Tranquillement, étape par étape, sans nécessairement entrevoir la finalité de toute cette préparation, j’ai affronté une part d’inconnu en m’outillant d’audace et en m’entourant d’experts, d’amis et de personnes de confiance qui m’ont donné les moyens et le courage de continuer.


Accepter les difficultés Lors de l’expédition Pull of the North, j’ai ramé pendant plus de six heures quotidiennement pendant 2 mois. C’est une situation qui porte à réfléchir énormément sur soi. L’esprit et le corps sont prisonniers d’un canot où le mouvement répétitif des bras et des mains qui pagaient nous emporte loin dans nos pensées. Kilomètre après kilomètre, j’ai appris à accepter la situation dans laquelle je me trouvais.

Au départ, je trouvais difficile de devoir ramer autant. Plus les jours ont passé, plus je suis devenue résiliente et j'ai arrêté de me battre pour essayer de fuir les douleurs. J’ai aussi cessé de m’en plaindre. Je l’ai fait parce que je sens que lorsque je rame avec le courant, c’est-à-dire en acceptant les éléments négatifs qui viennent à moi, je suis plus ouverte à recevoir la beauté de tout ce qui m’entoure et les choses auxquelles je n’avais pas porté attention en premier lieu. Cette expérience d’accepter l’inconfort du corps m'a appris à ne pas abandonner certaines courses que j’ai réalisées lors des années suivantes.


Regarder l’accomplissement général Ce n’est pas seulement arriver à la ligne d’arrivée qui est une finalité. Personnellement, ce que je retiens de mon expérience dans le domaine de l’aventure de longue durée est que l’on peut apprendre à chaque étape, de la préparation du défi final en soi.

En s’investissant à partir du jour 1 jusqu’à l’événement, nous sommes devenus plus forts. Certains y laisseront des larmes, de la sueur, des échecs, mais au final, nous aurons affiné notre courage, notre vision, notre discipline et notre motivation tout au long de l’aventure et non seulement sur le podium ou quand nous passerons la ligne d’arrivée. On peut donc être gagnant en s'élançant dès le début dans un projet en ne sachant pas comment se terminera celui-ci.

L’ancrage positif en image L’athlète de trailrunning Anne Bouchard m’a récemment donné l’idée d’apporter des images ou des objets lorsque j’accomplis une activité d’endurance. Elle apporte une page du livre Territoires Inconnus de Patrice Godin partout avec elle lors des différents événements de course auxquels elle participe. Voici un extrait de ce qu’on retrouve sur cette page qui l’inspire:

“Le doute. Tu doutes, bien sûr. Le doute est une satanée bestiole. Il te ronge de l’intérieur, il s’immisce dans tes veines, te noie le cœur. Il te coupe le souffle, il te coupe les jambes. Alors ne doute pas. Fonce. Avance. Ne regarde pas en arrière.”

Dans son sac, elle garde aussi le dessin de sa fille Charlotte. Ces 2 feuilles qui peuvent paraître bien simples sont remplies de signification et la pousse à se dépasser et aller plus loin. Ce sont ses ancrages positifs..



Un pas de plus Quand je sens que je ne peux plus avancer, je sais que c’est souvent le meilleur moment pour continuer; je dois faire un pas de plus. C’est de ce mouvement que je retiens souvent le plus d’apprentissages.

Quand moi ou quelqu’un d’autre de mon équipe ne pouvons plus bouger par manque d’énergie, il est primordial de nous pousser à continuer. Il paraît que lorsqu’on énonce verbalement que l’on ne peut plus avancer, il nous reste encore 50% de notre énergie. Cette situation se transpose aussi dans ma vie en ville.


Lorsque j’ai tout donné, à 100 %, après ma journée, c’est à ce moment que les bénéfices sont les plus grands. Mon esprit résiste parfois à aller plus loin, mais je passe par-dessus la pensée qui me dit d’arrêter pour me donner la chance d’essayer encore un tout petit peu plus.


Grâce à ces moments de doute que nous éprouvons tous à un moment ou à un autre dans nos vies, nous devenons authentiques et transparents envers nous-mêmes. Car lorsque nous surmontons certains défis dans notre quotidien ou lors d’une aventure, nous ne sommes pas seulement aux prises avec la neige, le roc, le vent, la tempête ou les crevasses sur notre route, mais aussi avec nous-mêmes et avec notre fragilité humaine.

En allant à la recherche d’histoires à raconter dans un contexte de dépassement de soi, en filmant et en produisant des documentaires, j’arrive à mieux comprendre mon essence, ma raison d’être.


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caroline cote

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